Ergonomie/Ergonome(S) : Quelles évolutions à la croisée d'une discipline et d'un métier ?

Le 51ème Congrès de la SELF propose de faire le point sur l’ergonomie et le métier d’ergonome engagés dans des transformations multiples ( sociales, économiques, académiques, scientifiques ). Plusieurs questions sont posées et seront mises en débat :

  • Quelles sont les pratiques des ergonomes ?

  • En quoi le métier se transforme par rapport à la demande sociale, technique, organisationnelle ?

  • L’évolution de la discipline permet-elle de satisfaire aux besoins socio-économiques actuels ou émergents ?

  • Dans ce cadre, quels sont les apports de la recherche en ergonomie ?

  • Comment la formation évolue-t-elle pour répondre à l’évolution du (des) métier (s) ?

Ces interrogations font écho à des remarques et commentaires déjà évoquées dans les années quatre-vingt dix, notamment par Alain Wisner et Jacques Christol.
Ainsi, Alain Wisner précisait que « Si pour résoudre une question, il faut élargir le domaine, considérer d’autres aspects... Pourquoi pas ! C’est le côté passionnant de l’ergonomie mais aussi peu satisfaisant du point de vue théorique. Au fur et à mesure qu’on a de plus en plus de questions, on touche à des domaines et des modèles scientifiques très différents, très divers. Or, je ne suis pas en situation de dire que ceci est de l’ergonomie et ceci n’est pas de l’ergonomie. Il y a de multiples façons de faire de l’ergonomie dans le monde. »

Quant à Jacques Christol (1992), il écrivait : « Trop souvent, il y a hélas une réduction du champ. L’ergonomie est alors soit assimilée à une discipline existante ( physiologie, neurophysiologie, psychologie... ), soit à une préoccupation limitée (« humaniser » le travail) sans plus de précisions, soit limitée à des aspects, certes essentiels, mais périphériques par rapport à l’activité mise en oeuvre par les « opérateurs » : aspect de l’écran, position des commandes, environnement physique. Le mot ergonomie est souvent employé dans un sens restrictif ( l’ergonomie du poste ). L’hétérogénéité du sens donné au mot ergonomie va de pair avec l’hétérogénéité des pratiques de l’ergonome, avec la diversité des ressources qui lui sont accordées ou qu’il demande pour pouvoir répondre avec pertinence aux besoins des entreprises et des administrations qui font appel à lui.»

Ainsi, Alain Wisner et Jacques Christol ont souligné la diversité inhérente au plan de la discipline et de la pratique professionnelle en raison de la nature même de l’objet sur lequel elle intervient : les relations « homme-situation », en milieu de travail et/ou en conception de produits.

Qu’en est-il de ces constats plus de vingt ans après au regard de l’évolution des problématiques de santé et sécurité au travail actuelles et à venir, des changements organisationnels mis en oeuvre dans les entreprises et envisagés dans le futur et des évolutions technologiques apparues et en cours de développement ? Qu’en est-il de la prise en compte des questions de performance et d’évaluation de nos interventions par les entreprises ?

Sylvain Leduc (Université d’Aix-Marseille)

Gérard Valléry (Université de Picardie)

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